Le revenu net imposable dans la catégorie des traitements
et salaires est déterminé après déduction
des frais inhérents à la fonction ou à
l'emploi occupé. En principe, ces frais sont pris en
compte sous la forme :
- d'une déduction forfaitaire égale à
10 % du revenu déclaré,
- comprise entre un minimum et un maximum, fixés
respectivement pour l'imposition des revenus de 2012 à
421 € (924 € pour les demandeurs
d'emploi) et 12 000 €.
Cependant, lorsqu'un salarié estime que la déduction forfaitaire de 10
% est insuffisante, il peut demander à déduire
le montant de ses frais professionnels réels. Pour
cela, il doit en faire la demande dans la déclaration
annuelle des revenus et joindre un relevé détaillé
de ses frais professionnels.
Conditions d'exercice de l'option
Il est possible d'opter pour la déduction des frais
réels dès lors qu'un salarié estime que le montant
de ses frais professionnels est supérieur à la déduction
forfaitaire normale de 10 %. De ce fait, la déduction
des frais réels a pour conséquence la renonciation
à toute déduction forfaitaire.
Chaque membre du foyer fiscal est libre de choisir entre
déduction forfaitaire de 10 % et déduction
des frais réels. Ainsi deux époux salariés
ne sont-ils pas obligés d'effectuer le même choix.
L'option s'exerce pour une année et doit être renouvelée pour chaque nouvelle déclaration des revenus. A défaut, la déduction forfaitaire
normale de 10 % est appliquée.
Justification des frais
Le salarié doit être en mesure de justifier les frais dont
il demande la déduction, la première condition
étant qu'ils aient réellement été
occasionnés pour les besoins de l'activité professionnelle.
La loi ne précise pas la nature des justificatifs
à produire même si bien sûr la présentation
de facture(s) constitue le moyen le plus sûr. Selon
les postes de dépenses, il peut être demandé
une attestation patronale, le circuit et la liste des régions
visitées, les modes de transports utilisés, la marque et la puissance
de la voiture, etc.
Le fisc est sensé faire preuve d'une grande souplesse
en la matière. En effet, les salariés ne sont
pas astreints à tenir au jour le jour une comptabilité
complète de leurs dépenses professionnelles.
En outre, il n'y a pas lieu non plus de refuser systématiquement
la déduction de frais au seul motif que la demande
n'est pas appuyée de documents détaillés,
surtout s'il est notoirement reconnu, dans certains cas, que
la justification précise de ces frais est pratiquement
impossible.
Les justifications devront néanmoins être d'autant
plus précises que le montant des frais pourrait a priori
paraître anormal ou disproportionné par rapport
à l'activité du salarié ou par rapport
à sa rémunération. A défaut de justification, cette déduction
est limitée au montant de la déduction forfaitaire
de 10 %.
Dès lors qu'ils sont appuyés de justifications suffisantes, les frais réels sont admis en déduction sans aucune limite.
Que faut-il inscrire sur sa déclaration ? |
L'option pour la déduction des frais réels s'exprime en inscrivant le montant de ces frais dans la case prévue à cet effet dans la déclaration de revenus.
Le salarié doit ensuite détailler ses frais réels en précisant leur nature et leur montant dans le cadre "Autres renseignements" de la déclaration ou dans une note annexe.
Qu'il s'agisse de la déclaration papier ou de la déclaration en ligne, le contribuable n'a pas à joindre les justificatifs de ses frais réels. Il doit en revanche les conserver pendant trois ans afin de les présenter au service des impôts en cas de demande. |
Principaux frais professionnels des salariés
Le régime des frais réels est à l'origine
d'un abondant contentieux et suscite une forte incompréhension
de la part des contribuables lorsque d'un centre des impôts
à l'autre des positions différentes voire opposées
sont prises sur des situations individuelles identiques ou
similaires. Il est difficile ici d'examiner tous les cas de
figure, tout au plus pouvons-nous rappeler les grandes règles
défendues par l'administration fiscale.
Le principe général est que seuls
sont admis en déduction des revenus de l'année
au cours de laquelle ils ont été effectivement
payés, les frais occasionnés directement par
l'exercice de la profession salariée. Sont donc exclues les dépenses résultant de
convenances personnelles.
Frais de déplacement
S'entendent des frais engagés notamment au titre :
- du transport du domicile au lieu de travail (voir encadré),
- du transport pendant les horaires de travail et les frais
de mission,
- d'un déménagement lié à un nouvel emploi ou une nouvelle affectation géographique,
- d'une situation de double résidence.
Trajet domicile-travail :
la règle des "40 kms" |
La situation des salariés
qui font état de leurs frais réels de
transport entre leur domicile et leur lieu de travail
doit être réglée comme suit :
1 / La distance entre le
domicile et le lieu de travail n'excède pas 40 kms :
dans ce cas, le salarié n'a pas à justifier du caractère
normal de l'éloignement. La déduction est toujours admise
dans son principe. Mais pour être admis en déduction, les frais doivent être justifiés (moyen de transport, factures
d'entretien, etc.).
2 / La distance entre le
domicile et le lieu de travail excède 40 kms. Soit
le salarié fait état de circonstances particulières
justifiant l'éloignement (motifs professionnels ou motifs
personnels significatifs) : les frais (justifiés)
peuvent être admis en déduction dans leur intégralité.
Soit le salarié ne justifie d'aucune circonstance particulière,
la déduction est alors admise à concurrence des 40 premiers
kilomètres. |
Sur la question de la distance entre le domicile et le lieu de travail, l'administration peut admettre comme raison de l'éloignement
:
- l'exercice de l'activité professionnelle du conjoint,
- les problèmes de scolarisation des enfants,
- certains motifs familiaux comme l'état de santé du salarié ou de l'un des membres de la famille, ou encore une situation de concubinage stable,
- des motifs économiques, comme la difficulté à trouver un emploi à proximité du domicile ou encore les écarts de coût de logement,
- l'exercice de fonctions électives au sein d'une collectivité locale sur le territoire de laquelle le salarié réside.
De même, les frais de double résidence, imposés
pour des raisons professionnelles, sont en principe admis
uniquement si le salarié peut justifier que toutes ses tentatives de
regroupement de la famille sont restées vaines pour
des raisons indépendantes de votre volonté. Dès lors, les frais de double résidence issus ou prolongés pour des raisons qui répondent à de simples convenances personnelles ne sont pas admis en déduction.
Peuvent ainsi être concernés par cette situation de double résidence : des apprentis, des travailleurs saisonniers, des salariés en attente de mutation ou encore des élus.
Ces frais de double résidence s'entendent principalement des loyers, des frais annexes de logement, des dépenses supplémentaires de repas, ainsi que des frais de transport, en principe à raison d'un déplacement aller et retour par semaine pour rejoindre le domicile familial.
Frais de repas
Les frais de nourriture constituent une dépense d'ordre
personnel qui ne peut pas, en principe, être admise
en déduction des revenus. Toutefois, les dépenses
supplémentaires supportées par un salarié qui ne peut pas prendre ses repas chez lui en raison d'horaires
de travail particuliers ou d'éloignement du lieu de
travail, ont le caractère de frais professionnels.
Si le salarié peut justifier avec précision le montant de ses frais de repas, il peut déduire la différence entre ce montant et une somme forfaitaire de 4,45 € (imposition des revenus de 2012) par repas. A défaut, ses frais sont évalués forfaitairement à 4,45 € par repas.
En outre, il convient de savoir qu'un salarié :
- qui ne peut prendre ses repas chez lui, mais qui dispose d'un mode de restauration collective sur son lieu de travail ou à proximité sans pour autant y déjeuner pour des raisons personnelles,
- peut être autorisé à déduire ses frais, dans la limite du coût d'un repas pris à la cantine diminué de la valeur d'un repas pris à domicile et évalué forfaitairement (4,45 € pour l'imposition des revenus de 2012).
Frais de formation et de documentation
Les dépenses supportées en vue d'acquérir
un diplôme ou une qualification permettant aux salariés d'améliorer
leur situation professionnelle ou d'obtenir un nouvel emploi
dans un autre domaine professionnel constituent des frais
professionnels déductibles.
Cette déduction n'est pas remise en cause si l'exercice
effectif de la nouvelle activité professionnelle n'est
pas prévu immédiatement mais il faudra justifier
que les dépenses ont réellement été
effectuées dans la perspective de ladite activité.
En revanche, les dépenses qui ne sont pas destinées
à améliorer sa situation professionnelle
ne peuvent être admises en déduction (par exemple,
un diplôme préparé à la veille
d'un départ en retraite ou au cours de la retraite).
Les frais engagés en vue d'accroître ses connaissances
professionnelles, comme par exemple, l'achat d'ouvrages professionnels,
l'abonnement à des publications professionnelles, ou
des séjours d'études peuvent être admis
en déduction. Mais, à l'inverse, ne peuvent
pas être pris en compte, l'abonnement à des journaux
d'informations générales, des frais de recherches
personnelles liées à une passion ou à
une occupation durant les temps de loisirs ou encore l'apprentissage
d'une langue à titre personnel.
Répondent aux mêmes exigences :
- les frais de stage,
- et les frais de recherche d'un nouvel emploi.
Frais de thèse |
Les frais exposés par un professeur pour la
préparation, l'impression et la diffusion d'une
thèse de doctorat, dès lors que celle-ci
aura une influence sur le déroulement de sa carrière,
peuvent être admis en déduction.
Toutefois, les dépenses de diffusion, et notamment
celles d'impression, sont admises en déduction
seulement pour la partie de leur montant correspondant au
nombre d'exemplaires nécessaires à la
soutenance ou diffusés gratuitement auprès
d'organismes d'enseignement ou de recherche, et après
imputation des éventuelles subventions reçues
à ce titre. |
Locaux professionnels
Il s'agit des frais occasionnés pour l'occupation
d'un local spécifique requis pour l'exercice de l'activité
salariée. Cette déduction ne bénéficie
qu'aux salariés qui ne disposent pas d'un bureau fourni
par leur employeur. Il peut notamment s'agir :
- de professions entraînant des travaux d'étude (artistes musiciens, par exemple), de recherche (enseignants, journalistes, etc.), de gestion ou de création (activités liées à la bureautique à domicile, à la fabrication à domicile, etc.),
- ou d'un local spécifique (par exemple, stockage de produits de démonstration, d'échantillons ou de marchandises utilisées notamment par un VRP).
Le local affecté doit donc être effectivement utilisé
à des fins professionnelles. L'importance de la superficie
de ce local s'apprécie en fonction de l'activité.
Autres types de dépenses
Type de dépenses |
Observations |
Frais de matériel, mobilier et fournitures |
Ils doivent bien évidemment
se rapporter à l'exercice de la profession. Ne
peut donc entrer dans cette catégorie l'ordinateur
acheté principalement à des fins personnelles.
S'agissant des frais spécifiques aux professions artistiques,
l'administration peut admettre des déductions forfaitaires
fixées par elle (règle des 14 % et 5 %).
|
Frais vestimentaires |
La déduction
n'est admise que s'il s'agit d'acquérir et d'entretenir
des vêtements ou des tenues spécifiques exigés
pour l'exercice de l'activité professionnelle. |
Frais de réception,
de représentation ou de gratification |
Ce poste de dépenses
s'examine au cas par cas. Il doit avoir, là encore
par principe, un caractère professionnel (notamment
acquérir, conserver ou développer une clientèle).
Les frais d'invitations destinées à créer
ou à entretenir des relations personnelles ne constituent
pas des dépenses professionnelles déductibles. |
Cotisations professionnelles |
Les cotisations versées par les salariés aux
syndicats et associations professionnels, les cotisations à
des sociétés savantes, ainsi que les cotisations
ou primes d'assurance de responsabilité professionnelle
peuvent être admises en déduction. Pour les premières,
la déduction ne peut pas se cumuler avec le crédit
d'impôt sur le revenu. |
Impôt, taxes
et amendes |
Les impôts et
taxes payés par un salarié sont admis en
déduction lorsqu'ils se rapportent directement
à l'activité professionnelle. Il en va ainsi
des taxes (ou de la quote-part de ces taxes) afférentes
à un local exclusivement utilisé pour les
besoins de la profession. En revanche, les amendes pénales
constituent des peines personnelles. Elles ne peuvent
donc être déduites. |
Frais médicaux |
Les dépenses
de santé ont un caractère personnel, elle
ne sont donc pas susceptibles d'être admises en
déduction de votre rémunération brute.
Toutefois, lorsque le port d'un appareil ou d'une prothèse
est indispensable pour remédier à un grave
handicap, qui, non corrigé, interdirait à
la personne qui en est atteinte l'exercice normal d'une
activité professionnelle, la dépense correspondante
peut être considérée comme ayant un
caractère professionnel. |
Frais de personnel |
Les sommes versées à des collaborateurs salariés ou non auxquels le salarié a recours pour le seconder dans l'exercice de sa profession ont le caractère de dépenses professionnelles déductibles. Par contre, les sommes versées à un tiers que le salarié a chargé, pour des motifs de convenance personnelle, d'accomplir à sa place le travail qui lui a été confié ne constituent pas des frais professionnels. |
Vol |
Le salarié victime du vol d'une somme d'argent qui appartenait à son employeur peut intégrer dans ses dépenses professionnelles les remboursements qu'il effectue à ce titre. |
Frais de procès |
Les dépenses
supportées dans le cadre de procédures prud'hommales
engagées contre leur employeur, notamment en vue
du paiement de salaires, constituent des frais professionnels. |
Intérêts d'emprunt en vue d'acquérir des titres de la société dans laquelle le salarié travaille |
Ces dépenses (intérêts de l'emprunt et frais liés) sont déductibles dans la limite d'un montant proportionnel à la rémunération annuelle perçue au moment où l'emprunt est contracté.
Cette déduction au titre des frais réels n'est pas cumulable avec l'autre régime de déduction des intérêts d'emprunt sur les salaires au titre de la souscription au capital d'une entreprise nouvelle.
Elle ne se cumule pas non plus avec la réduction d'IR au titre des souscriptions au capital de PME et la réduction ISF-PME. Elle ne peut pas non plus concerner des titres destinés à figurer dans un PEA ou un plan d'épargne salariale. |
Dépenses effectuées
à l'étranger |
Dès lors qu'elles ont un caractère professionnel,
le montant de ces dépenses exprimées sur
les justificatifs doit être normalement converti en euro selon le cours de change au jour de leur paiement. Il est toutefois admis qu'elles puissent être calculées à partir de la moyenne des cours au 31 décembre de l'année N-1 et au 31 décembre de l'année N, tels que publiés par la Banque de France. |
Cas de déficit
Dans l'hypothèse sans doute très exceptionnelle où le montant de ces charges professionnelles déductibles est supérieur au montant du salaire imposable, le déficit peut, selon le principe de droit commun posé par le Code général des impôts, venir en déduction du revenu global de la même année et, pour l'excédent, sur celui des 6 années suivantes.
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